On prétend que, chez les oiseaux, le ramage ne se rapporterait pas au plumage. Selon moi, nos deux monticoles (aussi nommés « pétrocincles », littéralement les « cincles des pierres ») font mentir cette idée reçue, mieux encore que leur cousin le Merle noir, déjà bel et bon soliste.
Le Monticole de roches (Monticola saxatilis)
Quel ornithologue, à la lecture des récits de Paul Géroudet, n’a donc jamais rêvé de ce bel oiseau aux couleurs vives, ocre, ardoise et blanc et dont le joli chant résonne au printemps quelque part dans les éboulis ? Du haut de son roc où confluent les torrents, le mâle est réapparu, se livre à des vocalises inouïes puis à un numéro de voltige surprenant. En un vol vertigineux, le voilà qui exhibe ses plus beaux atours : poitrail rouge vif et rémiges d’un bel orangé translucide. Un spectacle haut en couleurs !
Le Monticole bleu (Monticola solitarius)
Du haut de la falaise qui surplombe le torrent, me parvient un refrain flûté. Le Merle bleu a entonné son air mélancolique depuis la paroi. De temps à autres, il rappelle à l’attention de ses congénères, sa présence là-haut, dans les escarpements karstiques. Son chant semble donner le ton morne de ces lieux. Il m’aura fallu un affût prolongé, au pied de la falaise, pour découvrir aussi la richesse de ses doux babils. Au fil des heures, je me laisse bercer par cette petite ritournelle solitaire.
Pascal DHUICQ