Fin d’été sur le Causse Méjean

   Début septembre, dans le Parc National des Cévennes. Une balade dans les steppes arides
et ventées du Causse Méjean, bordure sud-est, sous l’emprise magnétique du Mont Aigoual.
Causse Méjean
00’00” > 01’45” : Milieu de matinée. Dans les bouquets de graminées et de chardons épargnés par les faucheurs, les insectes chanteurs se réveillent. Parmi eux, le magnifique Dectique des brandes (Gampsocleis glabra). Autrefois répandu dans une bonne partie du pays, sa stridulation puissante et continue ne s’entend plus aujourd’hui que sur quelques pelouses et landes méridionales.
01’45” > 02’45” : Vers 11h, les premiers vents thermiques fouillent les herbes sèches. Les éphippigères des vignes (Ephippiger ephippiger) et les criquets mélodieux (Chorthippus biguttulus) entament leurs congrès. Quelques craves à bec rouge (Pyrrhocorax pyrrhocorax) tournoient au-dessus d’une prairie fauchée, sans doute dans l’espoir d’y trouver leur pitan­ce. Plus haut dans le ciel, une grappe de vautours fauves, ailes étalées, s’élève vers l’infini.
02’45” > 03’45” : Treize heures. Le vent s’est calmé ; la chaleur devient suffocante. À cette heure de la journée, le dessein des oiseaux consiste à gagner les points d’eau pour s’abreu­ver. Après un été particulièrement aride, ils sont devenus très rares sur le causse. Une pie bavarde (Pica pica) et un grand corbeau (Corvux corax) marquent une pose sur un abreuvoir isolé avant de se ressaisir. Nombre de petits passereaux côtoient également les lieux. Les buissons d’épineux tout proches leur servent de refuge au moindre mouvement suspect.
03’45” > 05’15” : Alors que de petits foyers orageux mûrissent au-dessus de la Jonte, les stridulations de quelques criquets bourdonneurs (Stenobothrus nigromaculatus) et d’un arcyptère caussignarde (Arcyptera carpentieri) animent l’herbe rase encore baignée de soleil. Les criquets des grouettes (Omocestus petraeus), quant à eux, restent arrimés aux dolomies ruiniformes.
05’15 > fin : À la tombée de la nuit, un troupeau de brebis regagne la bergerie dans des sonnailles de fer et de pierre, laissant derrière lui un délice d’impressions olfactives. Les frênes bordant le chemin sont constellés de grandes sauterelles vertes (Tettigonia viridis­sima). Une decticelle échassière (Metrioptera sepium) démarre dans un fouillis de ronces (apparition à 06’15’’). Les premiers grillons italiens (Oecanthus pellucens) la suivent de près alors que la nuit caussenarde avale avec délectation les dernières lueurs du jour.

Marc NAMBLARD

Un grand merci à M. Yves Maurin, agriculteur dans le hameau de Villeneuve (Vébron, 48), pour m’avoir aimablement autorisé à l’enregistrer avec son troupeau de brebis, à maintes reprises.

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