Je suis un oiseau

   Une pièce de Xavier Charles (clarinette) et Jean Pallandre (phonographie). Réalisée en 2004. Production Ouie Dire.

D’un point de vue technique, le terme “phonographie” tel que je l’emploie désigne et résume véritablement l’acte de gravure sonore, c’est à dire l’ensemble des opérations incluses dans le processus qui, à partir d’un évènement acoustique faisant vibrer les membranes des microphones, inscrit sur un support un texte audio-numérique. Habituellement, dans le monde de la radio ou de la musique enregistrée, ce processus est éclaté, séparé en différentes phases (la prise de son, le montage, le mixage, le mastering…etc). Habituellement encore, on considère que ce travail est plutôt un travail de “technicien”, la responsabilité artistique incombant au musicien ou au producteur, voire au réalisateur. Or, la phonographie est un art, à l’instar de la photographie. Je la pratique et par conséquent la revendique comme telle. Quand donc je désigne mon rôle (dans une réalisation comme je suis un oiseau par exemple) par le terme phonographie, cela signifie simplement que j’ai assumé l’ensemble de choix qui jalonnent le travail depuis un certain évènement acoustique jusqu’à l’inscription d’un texte audio numérique sur un support (bande, CD, disque…etc). Selon les cas de figure et selon les choix qui ont été faits, ce travail a pu nécessiter certaines opérations de traitements, de montage ou de mixage, plus ou moins importantes et plus ou moins sophistiquées. Là n’est pas l’important : une œuvre est gravée, voilà ce qui existe. Elle n’est pas un “enregistrement”, ni un “reportage”, elle est une phonographie.
Disons enfin que cette œuvre, pour être entendue, devra être interprétée, jouée, c’est à dire que quelqu’un décidera d’en donner une certaine lecture, sur un instrument choisi (un certain ensemble de haut-parleurs), dans un lieu et en un moment donné. Ce peut être moi, en situation de concert, comme ce peut être un auditeur isolé jouant de sa chaîne hi-fi dans son salon. A chaque situation sa réalité irréductible.
Jeu d’images, tissu d’air à teinter le réel, chronoparalogie… la phonographie.

           Jean PALLANDRE

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