Chez Monsieur Colombin

Une récente discussion sur le forum (YahooGroup Sonatura) a donné l’occasion de noter combien nos pigeons – je veux dire, nos colombiformes ! – sont souvent délaissés des preneurs de sons nature tout accaparés bien souvent par les passeriformes (passereaux). Pourtant, il s’agît de chanteurs au répertoire insoupçonné et malheureusement difficile à enregistrer car la plupart des paraboles qui sont employées en captation « audionaturaliste » ont un diamètre insuffisant pour capter convenablement les sons graves de leur chant émis du fond de leur poitrine. Or, faute d’amplification, ces chants plutôt faibles, ne peuvent qu’en de très rares occasions être enregistrés au moyen de microphones nus. L’utilisation d’un réflecteur parabolique puis retraitement de l’équilibre de la bande passante comme le propose désormais la technologie (Schoeps) ne résout pas le problème du déficit d’amplification au regard des autres oiseaux environnants. Au moyen d’une parabole de fabrication ancienne (Grampian des années 50’ à 70’), jadis employée pour l’enregistrement des oiseaux mais abandonnée à cause de son encombrement offre une solution qui n’est qu’un pis-aller face à la pose de micros nus au plus proche.

Mais comment approcher le Pigeon colombin (Colomba œnas), plus rare que son cousin ramier (la Palombe des chasseurs) et pour lequel donc, les probabilités de rencontres sont moindres ? Sans compter que ce joli colombidé au chant tranquille et étouffé, se cache souvent très en hauteur dans les grandes futaies ou les arbres de haute tige. Là-haut, comment tendre un perche ou grimper interviewer cet oiseau qui le faisait remarquer M. Namblard dans le fil de nos discussions, apparaît le plus fréquemment comme un « second rôle » en fond sonore de nos séquences de son. L’écoute attentive et prolongée de son chant, passé les premières heures du petit jour, démontre combien, « conscient » de la faiblesse de la portée de son émission sonore, les mâles alternent leurs phrasés avec parcimonie en veillant à ne pas « chevaucher » le roucoulement de leurs cousins ramiers plus prolixes et plus vindicatifs. Discret, le Colombin sait attendre un moment calme et dispenser à bon escient ses roucoulements paisibles. C’est le plus souvent au gagnage dans les labours que vous observerez ce petit pigeon d’un joli gris-bleuté qui lui a valu son surnom de « petit bleu » chez les chasseurs. (car cette espèce est hélas classée gibier). Voici trois enregistrements effectués grâce à deux paraboles de 1 m de diamètre à moins d’une quarantaine de mètres du pied du tronc. Ici, toute la difficulté est de déterminer l’angle de visée à l’aveugle et l’espacement des deux réflecteurs afin de ne pas causer la distorsion angulaire qui est la clé de la stéréophonie.

 

Ce contenu a été publié dans Bioacoustique, Technique, avec comme mot(s)-clé(s) , , , , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *