Avec les premières chaleurs, la lumière éclatante du soleil, le printemps chasse enfin la grisaille hivernale. Le coin du feu n’est plus de rigueur. Le promeneur rêve de se dégourdir les jambes après des mois d’hibernation, dans la sérénité d’une campagne où la nature s’éveille. Enfoncer ses pas dans de moelleux tapis d’herbe fraîche aux fleurs bigarrées. Voire, tout simplement, profiter de la douceur ambiante en sirotant un verre sous le cerisier qui se réveille. C’est sans compter sur l’impatience de ses semblables ! Car au silence feutré de l’hiver, fait aussitôt place le bruit d’une humanité en manque d’elle-même. Il est étrange d’entendre nos concitoyens se plaindre du « bruit » que font les crapauds dans les mares alentours, sans jamais élever la voix contre leur propre nuisance sonore. Comme si la nature, la vraie, représentait une gêne face au droit que l’humanité s’octroie d’exister plus que toute autre créature.
Une amie me disait l’autre jour : « Pascal va pouvoir enregistrer les bruits de la nature ». Ce choix de « bruit » au lieu de « son » dans la bouche de l’humain coupé de son environnement est à méditer. Pour moi, le bruit définit un son gênant, envahissant, stressant. A croire que la nature criant sa joie de vivre printanière stresse l’humain, pourtant imperturbable face à ses grondements de moteurs. Dans cet enregistrement du premier après-midi ensoleillé et doux de l’année, en pleine campagne, il y a bien un crapaud qui tente audacieusement de s’exprimer. L’entendez-vous ?
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